Tandem : Communication et découverte(s) au contact des langues
Référence de l'oeuvre:
Bagiag, Aurora (coord.), (2016), « Tandem : Communication et découverte(s) au contact des langues », Applied Medical Informatics, Volume 38, Suppl. 1, 2016, UMF, Cluj-Napoca, 120 pages.
Texte intégral
1Dans son avant-propos, la coordinatrice de la publication, Aurora Bagiag, explique la généalogie de la présente publication. L’ensemble des articles (11 au total) dans le numéro spécial de la revue Applied Medical Informatics s’appuie sur des données recueillies dans le cadre du projet international « Tandem, bilinguisme et constructions des savoirs disciplinaires », projet soutenu par l’Agence universitaire de la Francophonie et entrepris entre 2012 et 2014 dans cinq universités européennes (en Roumanie, en Suisse et au Luxembourg). Le concept de tandem linguistique (deux locuteurs, de langue maternelle différente — français et roumain, se soutenant mutuellement pour apprendre la langue de l’autre) était au centre du projet et du dispositif pédagogique connexe, à trois volets, à savoir des séances bilingues en immersion réciproque, des activités en binômes franco-roumains, l’immersion institutionnelle et professionnelle.
2Bagiag rappelle les modalités du projet dans son avant-propos : plus de 400 apprenants de français et de roumain de différentes facultés ont participé aux activités en tandem et en immersion, une base de données a été créée (témoignages écrits sous forme de documents de travail, fiches pédagogiques, textes étudiés, correspondance sur Internet, notes personnelles, enregistrements audio et vidéo).
3L’intérêt de cette publication est multiple, car les 11 articles regroupés dans ce volume de la revue sont basés sur différentes perspectives, souvent complémentaires, notamment la dimension linguistique et normative dans l’apprentissage des langues étrangères, la dimension pragmatique-communicationnelle, les stratégies d’apprentissage, la dimension culturelle et interculturelle. Chaque article a un résumé et des mots-clés, ainsi qu’une section de références bibliographiques, et a été publié dans ce volume ainsi qu’en ligne sur le site du projet http://www.qr.ro/tandem/.
4Dans son article intitulé « L’identité roumaine dans la communication interculturelle de type tandem/immersion linguistique », Anca Ursa illustre les trois axes pédagogiques (réciprocité, responsabilité et autonomie) du tandem en tant qu’approche didactique efficace. Il s’agit en particulier de voir comment l’apprenant « reconstruit le portrait de groupe » (p. 1), l’identité roumaine. Les données récoltées lors du projet montrent que l’image que les étudiants se font du Roumain se trouve dans un espace de l’entre-deux : « entre la tradition et la modernité, entre la pauvreté et le luxe, religieux et rituel, accueillant et discipliné, cultivé et parlant bien les langues étrangères » (p. 7). Ana Eugenia Coiug et Alina Andreica s’attardent sur les séances bilingues, compléments au cours de langue étrangère, dans leur article (p. 9-15) : les résultats obtenus grâce aux séances bilingues en immersion réciproque visent, selon les chercheurs, « l’ouverture vers la culture de l’autre, le progrès linguistique, l’épanouissement personnel des apprenants » (p. 9). Les particularités du roumain langue étrangère sont analysées par Maria-Alexandrina Tomoiaga et Ovidiu Ursa dans un bref article qui manque un peu de profondeur mais est intéressant, par la présentation de huit erreurs d’actualisation et les causes sous-jacentes à ces erreurs. Nora-Sabina Marcean s’est interrogée sur la validité du questionnaire utilisé par le projet, questionnaire visant à identifier le développement de la compétence interculturelle et de la compétence d’altérité (p. 23-37). Dans sa conclusion, elle note que beaucoup des « problèmes » du questionnaire ont trouvé une solution dans la dernière version. En revanche, le lecteur reste dans le doute : quelle version a été utilisée pour le projet, la première ou celle qui a été modifiée ?
5Le tandem en tant que méthode d’(auto)évaluation en langue étrangère, voilà ce qui a été discuté par Cristina Elena Gogota et Ana Eugenia Coiug. Leur conclusion montre qu’il reste des questions en suspens : comment peut-on évaluer l’activité en tandem ? La compétence d’altérité est à la base de l’étude faite par la coordinatrice. Dans son article, elle note « la dynamique du tandem linguistique en tant qu’expérience interculturelle » (p. 52) après avoir listé les composantes de l’altérité et les représentations linguistiques et socioculturelles que se font les apprenants de la langue de l’Autre.
6Il y a dans ce recueil cinq articles en anglais (contre six en français). Oana Muresan, Maria Grosu et Monica Mihaela Marta se sont penchées sur l’intercompréhension entre le français et le roumain, Marius Uzoni, Maria-Alexandrina Tomolaga et Letitja Gola sur certains aspects grammaticaux de la langue roumaine (l’accord du genre et du nombre), Maria Mihaela Grosu et Letitja Gola sur la compétence interculturelle, Alina Adreica, Ana Askar et Marius Uzoni sur l’élaboration de la feuille de travail des apprenants et Marta, Muresan et Bagiag sur l’efficacité perçue des tandems roumain-français.
7Les articles se complètent et traitent en détail de certains aspects importants du projet précité, notamment les bénéfices linguistiques, culturels, interculturels que les apprenants aperçoivent lorsqu’ils travaillent en tandem, en immersion, en binômes. Il est clair que des rapports de recherche et de projet international, tel que celui discuté dans ce volume, aident la communauté scientifique à mieux comprendre les effets du travail interdisciplinaire et collaboratif.
Pour citer
Karen Ferreira-Meyers, Tandem : Communication et découverte(s) au contact des langues
Le français à l'université , 22-01 | 2017
Mise en ligne le: 21 mars 2017, consulté le: 05 novembre 2024