Le français à luniversité

La formation de formateurs FLE à la didactique du FOU dans le cadre du portail « Estudar em Francofonia / Étudier en Francophonie » destiné aux étudiants candidats à une mobilité vers une université francophone

Heloisa Albuquerque Costa, Cristina Bustamante et Cristina Nagle

Texte intégral

1Depuis quelques années, on constate une forte augmentation de la mobilité internationale des étudiants brésiliens partant faire des études supérieures dans des pays francophones. Cet accroissement est dû à de nombreux accords établis entre les universités brésiliennes et francophones, notamment ceux du programme Ciência sem Fronteiras. Les données obtenues du programme et des étudiants rentrés montrent les difficultés qu’ils ont rencontrées pour s’intégrer à la vie universitaire et pour répondre aux exigences académiques1.

2Tout en considérant ce contexte et ayant comme but de créer un espace pour mieux préparer les futurs étudiants brésiliens aux programmes d’échange, l’Agence universitaire de la Francophonie (désormais AUF) a créé un portail d’information sur les programmes d’échange universitaire entre le Brésil et les pays francophones et de formation linguistique en français nommé « Estudar em Francofonia / Étudier en Francophonie »2. Pour élaborer le module de formation, l’AUF a réuni des professeurs spécialistes dans le domaine du français sur objectif universitaire3 pour mettre en ligne sur la plateforme Spiral de l’Université de Lyon 1 des séquences didactiques.

3Pendant le travail d’élaboration de ce module, les coordinateurs du projet, Chantal Parpette du côté francophone, Heloisa Albuquerque-Costa du côté brésilien et Patrick Chardenet, responsable de l’Antenne Amérique latine du Bureau des Amériques de l’AUF, ont trouvé nécessaire de penser à la mise en place d’une formation en français sur objectif spécifique / français sur objectif universitaire adressée aux professeurs des départements de français et aux enseignants des centres de langues de tout le Brésil.

4Cette formation a été assurée par Chantal Parpette et Julie Stauber de l’Université de Lyon 2 et s’est déroulée en deux temps. Le premier, par la mise en ligne sur la plateforme Spiral de six séquences vidéo sur la méthodologie du français sur objectif spécifique (désormais FOS) et français sur objectif universitaire (désormais FOU) que les enseignants devaient visionner avant la deuxième étape. Les thématiques étaient les suivantes :
Partie 1 Le français sur objectif universitaire : un cas de français sur objectif spécifique
Partie 2 Le FOS — FOU. Une étape centrale : la collecte des données
Partie 3 Le français sur objectif universitaire : situations de communication et collecte des données
Partie 4 Programme FOU pour un public diversifié
Partie 5 Didactisation : les activités
Partie 6 Didactisation : les modalités de travail

5La deuxième étape en présentiel a eu lieu dans trois villes du Brésil — Natal, Belo Horizonte et Curitiba — et a rassemblé une soixantaine d’enseignants. La formation proposée avait pour but
— de réfléchir à la mise en place de programmes de FOU, à l’élaboration de séquences pédagogiques adaptées aux contextes des universités brésiliennes;
— d’initier les enseignants à l’utilisation de la plateforme Spiral.

6À la fin de la formation, les enseignants sont partis avec un cahier de charges qui comprenait trois volets : le volet institutionnel, dont l’objectif était de faire l’état des lieux de la mobilité étudiante dans chaque université; le volet formation, proposant la présentation et la découverte de la plateforme aux enseignants des départements et des centres de langue et aux étudiants de licenciatura, et le volet conception, s’adressant aux participants de la formation en FOU et visant à augmenter les ressources de la plateforme.

7Cette formation a permis aux professeurs/formateurs de réfléchir sur les différents sujets concernant l’enseignement du FOU tels que les bases théoriques du projet, l’utilisation de la plateforme Spiral dans les cours, la didactisation de documents et l’élaboration des actions pour la diffusion du portail dans chaque institution présente à la formation.

8Parmi les universités brésiliennes ayant participé à cette formation figure l’Université d’État de Campinas (Unicamp), où le FOU apparaît pour la première fois de manière formelle dans les cours de langue à travers le portail « Estudar em Francofonia / Étudier en Francophonie » (les cours de langue française, sous la responsabilité du Centre de langues, se sont caractérisés, depuis leur création, par l’enseignement du français général de niveau A2/B1 pour diverses raisons qu’il ne serait pas pertinent d’évoquer ici).

9Avec le programme Ciência sem Fronteiras, auquel les étudiants de l’Unicamp ont répondu en grand nombre4, l’occasion s’est présentée de commencer à former les enseignants à cette spécialité langagière dans le but de mieux préparer les jeunes qui partent en mobilité vers une université francophone.

10Bien que concernant pour l’instant un seul professeur du groupe de français du Centre de langues, deux actions majeures ont été menées pendant l’année 2013 : tout d’abord, l’élaboration du panorama général de la mobilité étudiante à l’Unicamp à travers Ciência sem Fronteiras, ce qui nous a permis d’avoir une idée concrète non seulement du nombre d’étudiants en mobilité, mais aussi de leur filière d’origine, ainsi que des établissements d’accueil dans le pays francophone.

11Une action importante s’est concrétisée par l’élaboration d’activités pédagogiques à partir de vidéos faites sur le campus avec la participation d’étudiants, en vue d’augmenter les ressources du portail. Deux principaux scénarios nous ont été proposés : la préparation des étudiants partants et les expériences des étudiants rentrés. Ce matériel est à l’origine de la création de deux nouvelles rubriques sur le portail : « Avant le départ », dans laquelle des jeunes exposent les démarches et les étapes de la préparation à la mobilité et « Retour d’expérience », où sont rapportées les expériences vécues par les étudiants brésiliens pendant leur séjour universitaire dans le pays francophone choisi.

12Le travail de mise en place de ce programme consiste à présenter le portail aux étudiants de l’Unicamp intéressés par le Programme Ciência sem Fronteiras. Seront invités surtout les étudiants des facultés d’ingénierie — la raison étant que jusqu’à présent, c’est cette filière qui s’y intéresse le plus — et en fonction de leur réaction et de leurs intérêts, d’autres actions seront envisagées pour les candidats de l’Unicamp.

13Une autre université brésilienne qui a démarré le travail en FOU a été l’Université Fédérale du Minas Gerais (UFMG). Elle occupe une place importante dans le cadre de l’internationalisation des universités brésiliennes, puisque c’est l’université ayant le plus de conventions internationales entre les institutions fédérales brésiliennes d’enseignement supérieur et les universités francophones. La mise en place des programmes de mobilité comme Ciência sem Fronteiras, parmi d’autres, a montré la nécessité d’améliorer le niveau linguistique des étudiants. C’est dans ce contexte que la Faculté des Lettres de l’UFMG, en coopération avec le service des relations internationales, a mené des actions pour permettre l’amélioration du niveau de langue étrangère des étudiants qui partent en mobilité universitaire.

14En ce qui concerne l’enseignement de la langue française, deux actions principales ont été menées à l’UFMG :
— la création d’un cours de langue de FOU en août 2013. Ce cours d’extension universitaire, ouvert à toute la communauté universitaire, est destiné aux étudiants qui vont partir en mobilité vers un pays francophone. Il est assuré par des enseignants de français et étudiants en formation de la Licence Lettres Français, suivis de près d’un professeur/formateur en FOU. En ce moment, il y a trois groupes d’étudiants, pour un total de 65 étudiants en formation en FOU, à raison de 45 heures par semestre (30 heures en présentiel et 15 heures de travail en ligne, où les étudiants font les activités de la plateforme Spiral à la maison);
— le travail d’élaboration de séquences pédagogiques pour la plateforme, réalisé par l’équipe qui travaille dans ces cours.

15Pour la suite du travail de formation des formateurs en FOU, il s’avère très important d’impliquer les professeurs de français des universités fédérales et autres établissements d’enseignement supérieur dans la collecte de données sur la mobilité internationale des étudiants et aussi dans la mise en place de formations en FOU, pour que de jeunes enseignants dans le domaine puissent à leur tour assurer des cours de préparation des étudiants aux programmes d’échange, en particulier le programme Ciência sem Fronteiras.

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Notes

1 Voir Heloisa Albuquerque-Costa et Chantal Parpette, « Formation culturelle et linguistique des étudiants brésiliens en mobilité universitaire en France : projet de recherche de l’Université de São Paulo et de l’Université de Lyon 2 », Synergies Brésil, numéro 10, 2012, pages 11-21 [en ligne]. Disponible à l’adresse : http://gerflint.fr/Base/Bresil10/albuquerque.pdf

2 Voir le site https://csf-francophonie.auf.org/fr/

3 L’équipe internationale a été formée par Chantal Parpette (Université de Lyon 2), Catherine Carras (Université Stendhal Grenoble 3, Jean-Marc Mangiante (Université d’Artois), Marie Christine Pollet (Université de Bruxelles), Christiane Blaser (Université de Sherbrooke), Heloisa Albuquerque-Costa (Université de São Paulo), Cristina Nagle (Unicamp), Selma Alas Martins (UFRN), Sandra Monteiro (UFRP).

4 112 étudiants pour la promotion 2012 -2013.

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Pour citer

Heloisa Albuquerque Costa, Cristina Bustamante et Cristina Nagle, La formation de formateurs FLE à la didactique du FOU dans le cadre du portail « Estudar em Francofonia / Étudier en Francophonie » destiné aux étudiants candidats à une mobilité vers une université francophone
Le français à l'université , 19-02 | 2014
Mise en ligne le: 19 juin 2014, consulté le: 25 avril 2024

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Auteurs

Heloisa Albuquerque Costa

Univeristé de São Paulo (USP) (Brésil)

Du même auteur

Cristina Bustamante

Université fédérale du Minas Gerais (UFMG) (Brésil)

Cristina Nagle

Université d’État de Campinas (Unicamp) (Brésil)

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