Les archives ouvertes pour valoriser la recherche africaine : HAL — Francophonie, Afrique et Océan Indien
Texte intégral
1Le libre accès à la recherche
L’accès aux résultats de la recherche constitue un enjeu majeur, tant sur le plan scientifique qu’économique : la circulation des idées nouvelles et le partage des connaissances favorisent les découvertes scientifiques et les innovations, lesquelles sont sources de croissance.
2Les communautés scientifiques et universitaires à travers le monde ont mis en place de nombreuses initiatives en faveur de l’accès ouvert : il s’agit de permettre un accès direct, sur Internet, aux articles, thèses, rapports, etc. sans obstacles financiers ni barrières techniques. L’élargissement de la diffusion valorise les travaux mis en ligne et permet aux chercheurs d’être connus et reconnus par leurs pairs.
3Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte de défiance grandissante vis-à-vis des éditeurs scientifiques qui, en situation dominante, pratiquent des tarifs très élevés pour la vente de revues électroniques aux bibliothèques des universités et institutions. On se trouve donc dans une situation aberrante : les institutions de recherche qui rémunèrent les chercheurs, eux-mêmes rédacteurs des articles destinés à la publication, se retrouvent contraintes à payer — souvent très cher — pour accéder aux revues1.
4Dans le contexte africain, la diffusion de la science est plus problématique encore : par exemple, la part de l’Afrique subsaharienne dans la production scientifique mondiale publiée est passée d’environ 1 % en 1960 à 0,3 % entre 1990 et 20002. Pour pallier ce manque, l’AUF a participé à la création de revues en libre accès sur Internet et favorisé l’implication des chercheurs africains aux ouvrages ou revues coédités par l’Agence. Ces publications sont accessibles sur le portail « Savoir en partage »3. Une première solution pour l’auto-archivage avait été proposée au bureau Moyen-Orient, soit la mise en ligne et la diffusion de tous les travaux de recherche, qu’ils aient fait ou non l’objet d’une publication en revue4 : ainsi, toutes les productions scientifiques dans tous les champs disciplinaires pourront être diffusées et participer à la reconnaissance par les pairs.
5Portail régionaux d’archives ouvertes
Pour favoriser une plus grande diffusion de la production scientifique francophone, l’AUF a établi un partenariat avec le CNRS et sa base d’archives ouvertes, HAL, pour proposer des solutions aux chercheurs du « Sud ». La première initiative a été menée en faveur des chercheurs du Moyen-Orient, sous l’égide de la CONFREMO (Conférence des recteurs et présidents des établissements membres de l’AUF au Moyen-Orient). HAL-CONFREMO http://hal-confremo.archives-ouvertes.fr/ a vu le jour en 2009 et rassemble aujourd’hui plus d’un millier d’articles, ouvrages et thèses mis à disposition de l’ensemble de la communauté scientifique.
6Un nouveau projet est en cours, plus spécifiquement destiné à accueillir les travaux scientifiques produits par les chercheurs d’Afrique et de l’Océan Indien. Pour ce projet, l’AUF a reçu le soutien du Centre africain malgache de l’enseignement supérieur (CAMES), de la Conférence des recteurs francophones d’Afrique de l’Ouest et de l’Océan Indien (CRUFAOCI) et du Réseau interuniversitaire des Grands Lacs (RIGL) ainsi que des recteurs des universités présents à la 34e session des comités consultatifs interafricains du CAMES qui ont adopté à l’unanimité les principes de la Charte pour la réalisation des Archives ouvertes des universités africaines5. L’AUF et ses partenaires ont souhaité collaborer avec le Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) pour bénéficier des performances reconnues aux archives ouvertes Hyper articles en ligne (HAL).
7Sensibilisation et formation
L’AUF, à travers le réseau des campus numériques francophones (CNF), s’est donné pour mission la mise en œuvre d’un important volet qui vise à la sensibilisation et à la formation des universitaires qui seront incités à déposer leurs travaux en ligne. Pour commencer, les chercheurs seront informés de l’opportunité qui leur est offerte pour :
-
partager les connaissances entre pairs
-
augmenter la visibilité de leurs travaux, et donc leur reconnaissance
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archiver de façon pérenne leurs documents
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garantir leurs droits d’auteurs et attester de l’antériorité de leur recherche (en cas de plagiat, par exemple)
-
s’approprier les moyens de diffusion et de production de la recherche (c’est-à-dire ne pas dépendre des éditeurs)
8Les documents déposés, aussitôt classés et indexés, sont visibles dans l’espace de consultation du site, mais le système HAL, qui répond aux standards et protocoles d’échanges du Web, permettra que ces documents soient également référencés dans les grandes bases de données internationales.
Notes
1 Tristan Vey, « Des scientifiques se rebellent contre le monde de l’édition ». In : Le Figaro, 21 février 2012 [en ligne]. Disponible à l’adresse : http://www.lefigaro.fr/sciences/2012/02/21/01008-20120221ARTFIG00547-des-scientifiques-se-rebellent-contre-le-monde-de-l-edition.php (consulté le 9 avril 2013).
2 Bonaventure Mvé-Ondo, 2005, « Afrique : la fracture scientifique ». In : Futuribles, p. 13 [en ligne]. Disponible à l’adresse : http://www.futuribles.com/en/base/bibliographie/notice/afrique-la-fracture-scientifique-africa-the-scient/ (consulté le 9 avril 2013).
Voir aussi : Eugène Kaly, « Afrique: Publication des résultats de la recherche. La part du continent reste très faible ». In : Le Soleil, 17 janvier 2012 [en ligne]. Disponible à l’adresse : http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=11026%3Apublication-des-resultats-de-la-recherche--la-part-de-lafrique-reste-tres-faible-&catid=78%3Aa-la-une&Itemid=119 (consulté le 9 avril 2013).
3 http://www.savoirsenpartage.auf.org/
4 On distingue deux stratégies (non exclusives) en matière de libre accès :
- la première, dite voie verte (« Green Open Access ») permet l’auto-archivage des publications, déposées par leur auteurs dans des archives ouvertes — c’est le cas de HAL ;
- la voie dorée (« Gold Open Access ») concerne la publication d’articles dans des revues en libre accès — par exemple revues.refer.org.
Ainsi, un article déposé publié dans une revue « Gold Open Access » peut aussi être déposé dans une archive ouverte, mais l’inverse n’est pas systématique.
5 Voir Charte pour la réalisation des Archives ouvertes des universités africaines [en ligne]. S.l. : s.n. Disponible à l’adresse : http://hal-auf.archives-ouvertes.fr/images/charte%20Archives%20ouvertes-2.pdf
Haut de pagePour citer
Gilles D’Eggis, Les archives ouvertes pour valoriser la recherche africaine : HAL — Francophonie, Afrique et Océan Indien
Le français à l'université , 18-02 | 2013
Mise en ligne le: 03 juillet 2013, consulté le: 15 octobre 2024