L’enrichissement de la langue française
Texte intégral
1Dans tous les domaines scientifiques et techniques, les chercheurs et les enseignants sont les premiers qui voient apparaître des concepts nouveaux désignés en anglais. Contrairement à certaines idées reçues, le dispositif d’enrichissement de la langue française leur est ouvert : ils sont invités à contribuer à cette activité d’enrichissement.
2« Biosourcé », adaptative learning, data scientist, open data, fab lab, coworking… :notre monde change très rapidement. Il fait évoluer la langue que nous parlons, les termes qui désignent les innovations technologiques apparaissant le plus souvent en anglais. Les définir de façon claire, leur trouver une désignation en français et les mettre à la disposition de tous, telle est la mission assignée au dispositif d’enrichissement de la langue française, mis en place depuis près de 50 ans par le Gouvernement français. Il s’agit de continuer à développer la capacité de notre langue à exprimer toutes les réalités contemporaines. Favoriser l’accès de tous aux savoirs en français est également un grand enjeu culturel, garant de la cohésion sociale.
3Au sein du ministère français de la Culture, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) anime ce dispositif interministériel : elle assure le secrétariat permanent de la Commission d’enrichissement de la langue française (CELF) et suit les réunions des 19 groupes d’experts chargés de proposer des termes et définitions à la Commission d’enrichissement de la langue française. Ce vaste réseau de plus de 600 experts couvre 14 ministères; il est organisé en collèges par domaines : biologie, chimie, économie et finances, éducation, environnement, informatique, droit et justice, relations internationales, santé, spatiologie, etc.
4Cette Commission examine et discute les propositions des experts. Elle fait ensuite valider ses choix par l’Académie française (Commission du dictionnaire). Puis, elle fait publier au Journal officiel les quelque 300 termes, expressions et définitions ainsi mis au point chaque année.
5Versés dans la base FranceTerme, ces néologismes sont destinés en premier lieu aux administrations et aux services de l’État — qui ont un devoir d’exemplarité dans la rédaction des textes; ils constituent également une ressource utile aux spécialistes (professionnels par secteur, chercheurs, enseignants, traducteurs, journalistes) et une mine de connaissances pour tous les citoyens soucieux d’employer un langage clair et précis.
6Pour choisir les termes et définitions retenus pour publication au Journal officiel, la Commission et les experts fondent leurs travaux sur des principes partagés :
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la concertation : pour éclairer leurs choix, à chaque étape, depuis la veille néologique jusqu’à la validation finale, les membres du dispositif d’enrichissement de la langue française consultent de nombreux partenaires techniques et scientifiques (AFNOR, Office québécois de la langue française, direction générale de la Traduction de la Commission européenne, etc.).
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le consensus : les membres des collèges de terminologie et ceux de la Commission d’enrichissement de la langue française ne votent pratiquement jamais. Ils préfèrent prendre le temps de la réflexion pour statuer en connaissance de cause. Ils ont en effet pleinement conscience que les termes publiés ne pourront convaincre personne s’ils n’ont pas d’abord convaincu chacun d’entre eux.
7Par ailleurs, les chercheurs et les enseignants peuvent déposer dans la boîte à idées de FranceTerme leurs demandes et suggestions de termes qui n’ont pas encore d’équivalent français, afin que les membres du dispositif d’enrichissement de la langue française les prennent en compte.
8En 2016, une cinquantaine de termes issus de la boîte à idées ont été mis à l’étude à la Commission d’enrichissement, ou dans les groupes d’experts. Parmi les termes publiés au Journal officiel en 2016, 14 ont été signalés par des internautes, très souvent en phase avec les propositions des experts, tels : assurance au kilomètre (pay-as-you-drive, PAYD); autopsie par imagerie, virtopsie (virtopsy); biosourcé (biobased), à propos des bioplastiques; camion de restauration, camion restaurant (food truck); cotravail (coworking); intercepteur d’IMSI (IMSI catcher), dans le cadre de la lutte antiterroriste; mécanosynthèse (mechanical alloying); neutralisation d’engins explosifs (explosive ordnance disposal, EOD); renflouement externe (bail-out) et renflouement interne (bail-in), dans le cadre du plan d’aide pour la Grèce.
9Riche de près de 8 000 termes, FranceTerme est disponible à la fois sur le site de la DGLFLF et sous forme d’une application accessible sur tous les appareils mobiles pour :
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rechercher l’équivalent français d’un terme étranger et consulter une définition,
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obtenir la liste par domaine des termes publiés,
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s’abonner afin d’être informé des termes publiés au JO dans les domaines de son choix.
10Pour en savoir plus, consultez les publications mises à disposition sur le site de la DGLFLF et sur FranceTerme : http://www.culture.fr/franceterme (rubrique librairie). Elles sont également disponibles sur demande écrite.
Contact : terminologie.dglflf@culture.gouv.fr
Pour citer
L’enrichissement de la langue française
Le français à l'université , 22-04 | 2017
Mise en ligne le: 13 décembre 2017, consulté le: 15 octobre 2024