Le français à luniversité

Droit de réponse au compte-rendu sur Corpus numériques, langues et sens

Didier de Robillard et Rachel Panckhurst

Texte intégral

Droit de réponse de Didier de Robillard

1Dans le dernier numéro du bulletin Le français à l’université (numéro 2, 2015), Mme Panckhurst publie un compte rendu de l’ouvrage dont les références bibliographiques sont les suivantes : Debono, Marc (dir.), (2014), Corpus numériques, langues et sens. Enjeux épistémologiques et politiques, coll. « GRAMM-R. Études de linguistique française », Peter Lang, Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 216 pages1.

2Dans cet ouvrage, j’ai publié un article intitulé « Monnaie de signe, monnaie de singe ? Comment comprendre des corpus électroniques ? Implications épistémologiques, éthiques et politiques ».

3Mme Panckhurst écrit dans son compte rendu de cet article que « Didier de Robillard refuse clairement le choix des corpus et se réclame d’une sociolinguistique herméneutique ». Plusieurs interprétations de cette phrase sont sans doute possibles.

4Cependant, si cette phrase signifiait (et c’est une des interprétations plausibles) que je préconiserais la pratique d’une sociolinguistique dépourvue de mise en œuvre de corpus, cette interprétation ne correspond pas à ce que j’ai voulu défendre et illustrer dans mon texte.

5Le titre même de mon article indique que, sans contester l’utilité des corpus, il me semble néanmoins indispensable de réfléchir tant à leur statut épistémologique qu’à la dimension « compréhension » de ceux-ci, au moins tout autant qu’à leurs autres aspects (« collecte », « transcription », « mise à disposition », « patrimonialisation », etc.). Il me semble par ailleurs indispensable de réfléchir à la problématisation de la notion de « corpus », à laquelle j’espère contribuer par mon article, notion que l’on peut entendre de manière très large.

6Didier de Robillard
EA 4246 PREFics-DYNADIV, Université François-Rabelais de Tours

Réponse de Rachel Panckhurst

7Didier de Robillard a demandé un droit de réponse concernant le compte rendu d’ouvrage que j’ai effectué récemment. Voici ma réponse, à la sienne.

8Je reformule la phrase pour plus de clarté : Didier de Robillard refuse clairement le choix des corpus, dans le cas où ceux-ci renverraient à « un objet qui ne [serait] pas à problématiser », car il souhaite que la notion de représentation ne soit pas écartée du débat, et il a l’impression que c’est trop souvent le cas. En revanche, ayant travaillé sur des corpus de données recueillies, nous ne les considérons pas comme des objets en soi, mais toujours à placer dans leur contexte (d’où l’importance de questionnaires sociolinguistiques qui accompagnent une collecte de données, par exemple). Ensuite, comme nous l’avons indiqué dans notre compte rendu, les données recueillies (anonymisées pour des raisons légales) demeurent « vierges » de tout « transcodage » en français « standardisé » et de toute annotation, car selon nous, annoter ne constitue pas une opération descriptive neutre. Cela relève nécessairement d’un cadre interprétatif. Puisque les choix théoriques diffèrent, les démarches pluridisciplinaires se distinguent, les questionnements scientifiques varient, etc., nous pensons qu’il est préférable que les chercheurs la prennent en charge en fonction de leur propre questionnement. On ne souhaite pas imposer des initiatives de balisage supplémentaire aux chercheurs.

9En tout cas, un débat entre les différents acteurs sur les corpus en sciences du langage et sur la politique linguistique en général serait sûrement très fructueux. J’espère au moins avoir ouvert la porte sur une discussion de cette nature.

10Rachel Panckhurst
Université Paul-Valéry Montpellier 3 (France)

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Pour citer

Didier de Robillard et Rachel Panckhurst, Droit de réponse au compte-rendu sur Corpus numériques, langues et sens
Le français à l'université , 20-03 | 2015
Mise en ligne le: 22 septembre 2015, consulté le: 28 avril 2024

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Auteurs

Didier de Robillard

EA 4246 PREFics-DYNADIV, Université François-Rabelais de Tours (France)

Rachel Panckhurst

Université Paul-Valéry Montpellier 3 (France)

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