Regards sur les langues et les identités
Référence de l'oeuvre:
Kelly, Michael (coord.), (2008), Regards sur les langues et les identités, Synergies Royaume-Uni et Irlande, numéro 1, Revue du GERFLINT, Sylvains les Moulins (France), 126 pages.
Texte intégral
1On commencera par ce qui nous semble relever d’un manque de cohérence : le titre de ce numéro est « Regards sur les langues et les identités », mais certains articles, malgré leur qualité académique indiscutable, ne contribuent guère à enrichir ce domaine. Nous retiendrons d’Erick Falc’her-Poyroux sa fine analyse de la musique irlandaise, tiraillée entre l’emploi du gaélique et celui désormais majoritaire de l’anglais. On peut seulement regretter que sa recherche n’embrasse pas la musique irlandaise dans ses aspects modernes. Que représentent pour les Irlandais, en termes d’identité, des chanteurs tels que Van Morrison, Rory Gallagher ou Jo-Ann Kelly, qui sont devenus mondialement célèbres en utilisant l’idiome anglais ? Le texte de Jean-Philippe Hentz traite de l’identité et du bilinguisme grâce à l’étude du journal d’un ouvrier gaélophone en Grande-Bretagne. Il en décrit très justement les dimensions affectives et l’ambiguïté qu’elle génère. Christian Auer aborde la question identitaire en Écosse à travers une analyse de la presse des Basses Terres au XIXe siècle. Son analyse de discours est intéressante, mais elle aurait grandement gagné à être mise dans le contexte de notre époque ; par exemple, l’auteur aurait pu aborder la montée en puissance récente du mouvement indépendantiste écossais. Enfin, nous avons particulièrement aimé l’analyse contrastive de Bert Peeters entre le Ça va ? français et le How are ya ? australien. L’analyse des valeurs culturelles implicitement contenues dans ces salutations est remarquablement dégagée. Les enseignants de langue étrangère devraient tous lire cet article et se rappeler que les salutations « banales » des leçons 1 des manuels méritent un approfondissement de leurs dimensions culturelles. Une réserve cependant : le terme « franchise » attribué à l’interaction verbale entre Français nous gêne, car il suppose — c’est une réaction presque instinctive du lecteur — que les Australiens sont menteurs/hypocrites. Il manque également une analyse fine du langage corporel pour mieux comprendre les sous-entendus de ces salutations.
2Édition en ligne : http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/RU-Irlande/RU-Irlande1.html
Pour citer
Serge Dreyer, Regards sur les langues et les identités
Le français à l'université , 13-04 | 2008
Mise en ligne le: 26 mars 2012, consulté le: 18 avril 2024