1Si le public tombe sous le charme de tous les contes, le lecteur d’Un conte à l’autre reste fasciné par la double initiative que propose le volume. De temps immémoriaux, le conte s’inscrit sous le prisme du sociétal et dans un schéma bien établi, où mariage et reproduction constituent l’idéal. Dans le nouvel ordre du XX^e siècle, ce modèle traditionnel a été bouleversé en raison de l’augmentation de l’espérance de vie, de la montée en puissance du féminisme et de la dé/recomposition de la sphère familiale. Le croisement des thèmes et des motifs des contes dans l’écriture contemporaine constitue le premier axe de recherche de l’ouvrage, et le second, plus important encore, touche l’intergénération et la réécriture du conte. Cet axe se caractérise par l’étonnante diversité des genres envisagés, des œuvres étudiées et des publics visés. Par sa double thématique, l’ouvrage met donc en valeur l’évolution conjointe de l’écriture et de la société. Le bouleversement des schémas traditionnels retentit avec violence dans les réécritures contemporaines de contes archiconnus, comme Le petit chaperon rouge, Le petit poucet ou La petite sirène, réservoirs inépuisables de références communes. Les nouveaux textes, études et fictions permettent de dégager les conceptions de la famille, de l’enfant, de la femme et des relations humaines prévalant à notre époque, qui s’est résolument éloignée des valeurs anciennes. L’écrivain d’aujourd’hui sait que son lecteur cherchera à inscrire son récit dans la filiation de l’ancien, et donc dans l’intergénérationnel. Ainsi, dans le va-et-vient entre le passé et le présent, l’auteur contemporain apporte un nouveau regard sur les rapports entre les générations. Double perspective et double pari alors pour ce volume qui, plus qu’un livre sur les contes et leur espace d’envoûtement, se veut une étude socioculturelle sur les relations intergénérationnelles.