1Cet ouvrage collectif dirigé par B. Costa et C. Gravet est le deuxième publié par le service de Communication écrite de la Faculté de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Mons, Belgique. Le premier a paru en 2013 et portait sur les portraits des traducteurs et traductrices belges, à la façon de Delisle. Cette fois-ci, les coordinatrices ont réuni 13 chercheurs qui ont écrit 11 chapitres concernant des auteurs belges distincts tels que Georges Eekhoud, Verhaeren, Girolamo Santocono, Amélie Nothomb, Georges Simenon, Jean-Philippe Toussaint, Philippe Geluck et leurs respectives traductions dans différents pays tels que l’Allemagne, la Russie, l’Italie, l’Espagne, la Turquie, la Grèce, le Danemark et le Royaume-Uni.
2Parmi ces auteurs traduits, les plus étudiés dans la présente œuvre sont Amélie Nothomb et Georges Simenon. Trois chapitres sont dédiés à la première, et deux au second.
3Ces chercheurs, venus des universités belges telles que Mons, Université libre de Bruxelles, Université catholique de Louvain, et d’ailleurs, Università degli Studi di Bologna, Université pédagogique d’État Ouchinsky à Iaroslavl, Universidade de Santiago de Compostela, etc., ne se sont pas limités à étudier la littérature belge francophone traduite dans les différentes parties du monde ou à en faire une simple critique; ce volume a pour but majeur de faire un croisement entre l’histoire du livre et de l’édition et la traductologie. Un chantier peu exploité dans les études de la traduction, mais pas vierge pour autant. On peut nommer ici quelques chercheurs canadiens comme Louis Jolicœur de l’Université de Laval, qui a étudié, entre autres, la littérature québécoise traduite en Italie, et son lien avec des éléments comme le choix du livre à être traduit, la maison d’édition, le traducteur et aussi Hélène Buzelin (2006, 2015), professeure à l’Université de Montréal.
4Selon Sapiro (2014, p. 94), « les recherches sur la circulation transnationale des œuvres constituent un nouveau chantier de la sociologie de la littérature en plein essor, ouvrant la voie à une sociologie de la traduction ». Un bel exemple de ce genre d’étude fut entrepris au Brésil entre 2011 et 2015 par Márcia Abreu (Unicamp) et Jean Yves Mollier (Saint-Quentin en Yvelines) et le résultat peut être lu dans Transatlantic Circulation of novel between Europe and Brazil (1789-1914).
5Ainsi, les 11 chapitres du présent volume sont une réflexion sur les questions suivantes : 1. Comment sont choisies les œuvres qui sont traduites dans les différents pays étudiés ? 2. Quels sont les rôles de la maison d’édition dans le choix de l’œuvre (la qualité ou le marché ?), du traducteur (professionnel, écrivain, etc.), des titres (changement/adaptation pour conquérir un public différent de l’original ?), des couvertures (comme celles des œuvres d’Amélie Nothomb, voir pages 140 et 141, ou celle de la Rue des Italiens, de Santocono, p. 64). L’idée de péritexte de Genette y est reprise. 3. Quelle est la relation entre la traduction et le lectorat d’arrivée ? (Y a-t-il une naturalisation ou une exotisation du texte traduit ? Que disent les critiques publiées dans la presse, sur des blogues, etc. ?) Comment se fait la réception de l’œuvre traduite ? Donc, le traducteur, dans chacun des chapitres de Traduire la littérature belge francophone,est pensé au-delà de la médiation culturelle ou interculturelle, du transfert culturel.
6Cet ouvrage de Costa et Gravet, qui annonce déjà des études à venir, met en relief ce rapprochement de la traduction, de l’histoire du livre et de l’édition, et sa lecture en vaut la peine.