Le français à luniversité

Guide de l’expertise des formations de français

Ndèye Maty Paye

Référence de l'oeuvre:

Jean-Claude Beacco (coord.), Guide de l’expertise des formations de français, Éditions des Archives contemporaines, Paris, 2016, 156 pages.

Texte intégral

1Le Guide d’expertise des formations de français est un ouvrage collectif, paru en 2016 aux éditions des Archives contemporaines et coordonné par Jean-Claude Beacco. Sa visée principale est l’appui aux départements de français pour comprendre les demandes et la révision des offres de formation en enseignement/apprentissage grâce à une évaluation pointue des situations hétérogènes du français, des conditions d’exercice de la fonction, des curriculums et des profils des acteurs de la diffusion du français.

2Le guide est riche d’un ensemble de grilles d’analyse établi par les experts pour chaque situation de français (français langue seconde, français langue étrangère, français sur objectifs spécifiques, français pour les disciplines non linguistiques, traduction…). À la fin de l’ouvrage, nous trouvons une bibliographie étoffée (p. 101-106), une biographie des auteurs (p. 107-111) et en annexes (p. 113-144) les questionnaires à remplir par les établissements, les guides d’entretien, un vadémécum pour la création de départements de français, un dossier pour la préparation d’une visite des experts et un plan pour la rédaction du compte-rendu d’expertise. L’ouvrage, pour tous ces renseignements, forme un dispositif susceptible d’intéresser les chercheurs en didactique du français et de faire réfléchir les principaux acteurs de la diffusion du français dans leurs décisions, actions et démarches pour assurer la qualité au sein des départements de français. Pour les raisons évoquées, nous le recommandons vivement aux promoteurs de la langue.

3Pierre Martinez (p. 1-12) démontre que l’expertise exige une technique sérieuse, des règles et des obligations, de sa conception à son pilotage. Le succès du dispositif requiert la prise en compte des politiques linguistiques (contexte historique, enjeux socioéconomiques, décision collective en faveur de la langue). L’expertise nécessite alors une rationalisation des observables. Elle ne saurait découler d’un principe de gratuité, mais d’une méthodologie et d’une terminologie indispensables à toute analyse menée avec discernement. La diversité des typologies d’expertise offre des possibilités variées d’innovation.

4Olivier Dezutter (p. 13-22) se consacre à l’expertise de la formation en didactique des langues secondes ou étrangères. Il met en exergue deux types de programmes de formation à l’enseignement du français : le modèle consécutif et le modèle intégré. Pour une bonne marche de la formation, O. Dezutter préconise une prise en charge de la relation entre la didactique et la pédagogie, une bonne maîtrise des disciplines linguistiques, littéraires, culturelles, une connaissance approfondie des contextes d’exercice du métier de l’enseignant… Il termine en insistant sur l’importance des profils à prendre en considération par l’expertise à mener (enseignants/enseignés : motivations, formation initiale, formation continue, difficultés rencontrées, besoins, attentes…).

5Mohamed Miled (p. 23-31) traite de la professionnalisation des formations de français pour les métiers de l’enseignement et du curriculum. De nouvelles filières linguistiques apparaissent, ce qui incite à développer des formations axées sur l’ingénierie des curriculums en veillant à respecter deux principes : la consolidation des acquis langagiers et littéraires, d’une part, et, d’autre part, le développement des compétences.

6Liliane Ramarosoa (p. 33-39) aborde l’expertise des contenus en littérature et en civilisation dans les formations. Le dispositif met au centre de ses préoccupations l’altérité, le multilinguisme, les valeurs socioculturelles des langues, l’implication personnelle des apprenants, ainsi que les compétences à l’oral et à l’écrit des apprenants dans l’apprentissage de la littérature.

7Jean-Claude Beacco (p. 41-52) traite de l’enseignement du français aux étudiants universitaires spécialistes dans d’autres disciplines que le français et les langues en général (DNL, disciplines non linguistiques). Il focalise essentiellement son expertise sur les enseignements LANSAD (enseignement de LANgues aux Spécialistes d’Autres Disciplines). Ceux-ci sont souvent relégués au second plan et négligés le plus souvent par les départements de français au sein de l’université, car ils sont fréquemment confiés à des vacataires ou à des non-professionnels non initiés à la didactique des langues ou à des jeunes qui apprennent le métier. De ce fait, le plus souvent, les cours sont organisés de façon tâtonnante ou traditionnelle. Or, le public LANSAD est souvent motivé et captif, et peut assurer la pérennité de la francophonie et de la francophilie avec des effectifs importants. Plutôt que de marginaliser ce public, il conviendrait de le considérer comme un potentiel en générant une politique globale de l’offre de formation dans ce contexte précis.

8La mobilité des étudiants étrangers vers les universités francophones et la préparation à la vie professionnelle et au marché du travail à l’international exigent une formation linguistique des étudiants et des enseignants. Il convient alors de distinguer le français de spécialité et le français sur objectifs spécifiques, d’en mesurer les paramètres, la place, les contextes et les conditions de diffusion dans les départements de français. Il en va de même pour les ressources humaines, documentaires et logistiques, d’une part, et, d’autre part, des contenus et supports pédagogiques pour mener à bien ces enseignements et procéder à des recommandations. Jean-Marc Mangiante (p. 53-65) se concentre ainsi sur l’expertise de ce français sur objectifs spécifiques (FOS) et sur objectifs universitaires (FOU).

9Serge Borg et Brigitte Lepez (p. 67-84) suggèrent un suivi et une évaluation de la qualité dans les centres universitaires de langues dans le monde (ici, le français). Ces derniers assurent l’épanouissement de la langue française sur le plan international et constituent un lieu d’expérimentation et d’observation des politiques linguistiques et éducatives.

10Sarah Bordes et Fayza El Quassem (p. 85-99) proposent d’expertiser les sections et les départements chargés de la formation aux métiers de l’interprétation et de la traduction. Dès le début, une nette définition entre interprétariat et traduction est opérée, puis les profils des enseignants et apprenants sont dégagés. Enfin, l’étude du marché de l’offre et de la demande dans le domaine est prise au sérieux. Les espaces de travail aux normes ISO sont souhaités et les stéréotypes qui parasitent le domaine sont signalés (je maîtrise les langues, ou je suis enseignant de langues étrangères, alors je sais interpréter et traduire; je suis interprète ou traducteur, donc je sais enseigner…). Les deux experts nous proposent non pas un programme préconçu, mais plutôt une approche par compétences, en nous expliquant au préalable ses fondements et ses principes. Un exemple d’application à un cursus de master de traduction basé sur un référentiel des compétences est suggéré en fin d’analyse.

11La version PDF de cet ouvrage est téléchargeable gratuitement sur la Bibliothèque des savoirs en partage : http://www.bibliotheque.auf.org/index.php?lvl=notice_display&id=1019

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Pour citer

Ndèye Maty Paye, Guide de l’expertise des formations de français
Le français à l'université , 22-03 | 2017
Mise en ligne le: 19 septembre 2017, consulté le: 19 mars 2024

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