Im/politesse et rituels interactionnels en contextes plurilingues et multiculturels. Situation, Stratégies, Enjeux
Référence de l'oeuvre:
Farenkia, Bernard Mulo (dir.), (2016), Im/politesse et rituels interactionnels en contextes plurilingues et multiculturels. Situation, Stratégies, Enjeux, Peter Lang, Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 310 pages.
Texte intégral
1Coordonné par Bernard Mulo Farenkia, l’ouvrage rassemble un ensemble de contributions qui traite de la pragmatique, plus précisément de quelques aspects du style communicatif au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Grâce à un corpus varié (conversations enregistrées, discours littéraires, médias), les chercheurs analysent la politesse et l’impolitesse dans les interactions verbales. Celles-ci sont marquées par la diversité linguistique, culturelle et ethnique, qui rend complexes les rituels interactionnels dans leurs intentions communicatives et leurs enjeux sociopragmatiques, sociolinguistiques ou identitaires.
2La première partie se focalise sur les stratégies d’impolitesse et les variations stylistiques (p. 10-94). Jean-Jacques Rousseau Tandia Mouafou analyse l’impolitesse sur le campus universitaire (Dschang, Cameroun) comme une attitude alternative et une stratégie d’évitement des violences physiques entre locuteurs lors des interactions. Les injures deviennent alors un rituel et une arme verbale dans ce temple du savoir où la retenue dans le discours devrait être de rigueur. Oumarou Boukari, selon une approche constructiviste, analyse les interactions des quatre communautés linguistiques de la Côte d’Ivoire (Aboure, Dioula, Songhay, Fpi) pour démontrer que la catégorisation des actes de langage en termes de Face Threateting Acts (Austin, 1962) et de Face Flattering Acts (2005), voire les actes menaçant par opposition aux actes flattant les faces des interlocuteurs, est irréaliste. Les actes de langage oscillent entre la politesse et l’impolitesse en termes de continuum et ne sauraient prétendre à une catégorisation figée, à cause de la diversité des cultures et des expériences. Jean-Pierre Fewou Ngouloure observe l’incivilité et les dérapages verbaux sur les réseaux sociaux encouragés souvent par l’anonymat. Le chercheur n’incrimine pas l’univers virtuel des échanges dans les cyberespaces, mais indexe plutôt les mœurs et les mentalités individuelles. Bassidiki Kamagate décrit l’impolitesse dans Bintou de Koffi Kwahule. En effet, le personnage anticonformiste défie la tradition, les normes sociales, sa famille et bouleverse ainsi l’ordre social établi, tel un renégat. Bintou est aussi le reflet de la tension entre le traditionnel et le moderne dans la dramaturgie ivoirienne.
3La deuxième partie se concentre sur la politesse et la gestion des faces à l’écrit et à l’oral (p. 95-226). Bernard Mulo Farenkia étudie la structure et les stratégies de politesse présentes dans les lettres de requêtes de quelques étudiants camerounais. Ainsi, les requêtes sont un genre émotionnel où la politesse est d’ordre persuasif et stratégique pour réduire les actes menaçant la face du récepteur. Alain Flaubert Takam insiste sur la relativité de l’im/politesse, car tributaire des cultures et des expériences individuelles. Pour ce faire, il analyse l’usage ou non des anthroponymes en milieu camerounais en prenant pour corpus six œuvres littéraires. Bernard Mulo Farenkia nous revient avec une réflexion sur le cumul des formules de politesse pour refuser une offre afin d’atténuer la perception du refus comme un acte de menace. Les situations de communication ont un effet sur les rôles et les manières de refuser. Son corpus porte sur un questionnaire élaboré selon le modèle du Discourse Completion Test (Blum-Kulka, 1989) avec 29 contextes de production d’actes de langage, par exemple : refus, reproche, remerciement, conseil, invitation, vœu… Moses Nyongwa, à partir d’échanges oraux/écrits et de textes sur Internet, réfléchit sur les différents termes pour dire la politesse. Il repense ainsi la créativité lexicale du français camerounais à l’heure de la mondialisation. Dans la même perspective, Bernard Mulo Farenkia et Eugeune Tatchouala étudient la créativité lexicale et sémantique du camfranglais pour formuler des compliments. Leur corpus est formé de conversations quotidiennes et des discussions sur les forums.
4La troisième partie étudie la relation entre les rituels et la diversité linguistique et culturelle (p. 227-311). Joseph Kwain décrit les salutations du pidgin anglais dans leurs multiples formes, leurs rôles pragmatiques et leur réception variable (ex. : positive, négative…) d’un locuteur à l’autre et d’une situation de communication à l’autre. Eric A. Achimbe se focalise sur les finalités, les structures discursives des salutations anglaises au Cameroun. Dans la continuité, Venant Eloundou Eloundou et Jean-Benoît Tsofack s’intéressent aux enjeux sociolinguistiques, sociopragmatiques et identitaires des salutations en camfranglais. Baudelaire Didier Dnzoutchep Nguewo analyse la complexité du remerciement en milieu Bamiléké (Ouest Cameroun).
Pour citer
Ndèye Maty Paye, Im/politesse et rituels interactionnels en contextes plurilingues et multiculturels. Situation, Stratégies, Enjeux
Le français à l'université , 22-01 | 2017
Mise en ligne le: 21 mars 2017, consulté le: 05 novembre 2024