Le français à luniversité

Aventuriers et sédentaires. Parcours du roman québécois

Antonia-Ferihan Ciolac

Référence de l'oeuvre:

Gauvin, Lise, (2012), Aventuriers et sédentaires. Parcours du roman québécois, coll. « Unichamp-Essentiel », Honoré Champion, Paris, 248 pages.

Texte intégral

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1Ce livre de Lise Gauvin est un ouvrage de critique littéraire qui traite de la littérature de langue française québécoise, surtout du roman québécois du 20e siècle. Cet ouvrage comprend une introduction (« Post ou péricolonialisme : l’étrange modèle québécois », p. 7-16) et 7 chapitres portant les titres suivants : « Questions de langue : variantes et variations » (p. 17-43), « Le romancier et ses doubles : écrire, disent-ils » (p. 45-79), « Aventuriers et sédentaires : l’héritage du conte » (p. 81-107), « Comment peut-on être Montréalais : une ville et ses fictions » (p. 109-129), « Il était une fois dans l’ouest : les road novels québécois » (p. 131-157), « Théories-fictions, autofictions, romans-poèmes et territoires du féminin » (p. 159-179), « Ces "étrangers du dedans" : l’écriture dite migrante » (p. 181-219). Le chapitre de conclusion (« Une culture et une littérature comme références », p. 220-225) est suivi d’une bibliographie, d’un index des noms propres des lettrés mentionnés et d’un index des romans.

2La matière de cet ouvrage est organisée en fonction de quelques grands thèmes et de symboles importants, qui correspondent aux chapitres du livre, accompagnés d’explications qui incluent des facteurs historiques, politiques, sociologiques et anthropologiques ayant influencé la littérature française québécoise du 20e siècle.

3Voici les grands thèmes abordés par Lise Gauvin : le statut de « péricolonialisme » de la culture et de la littérature françaises québécoises (« L’une des plus anciennes parmi les littératures francophones, la littérature québécoise reste une littérature jeune. », p. 13); pendant la deuxième moitié du 20e siècle, dans une littérature non traditionnelle, l’affirmation de la variété vernaculaire de français québécois (de ses particularités locales, telles que celles du joual) et du multilinguisme (l’utilisation du français, de l’anglais, de l’italien et d’autres langues par la même communauté française québécoise), tout comme l’adoption à l’écrit (dans les romans québécois) de plusieurs registres de langue française (le français standard, le français standard québécois, le français populaire québécois, etc.) ; l’utilisation des voix narratives, un procédé employé par des romanciers qui attribuent la création de leurs œuvres à des personnages inclus dans leurs romans. Lise Gauvin désigne la littérature orale française de la Nouvelle-France comme l’une des sources d’inspiration de certains romans québécois (voir les contes populaires), ensuite elle éclaircit le titre de son ouvrage fondé sur le dualisme primaire de la culture et de la société québécoises : depuis les commencements de la Nouvelle-France jusqu’à une époque relativement récente (la fin du 19e siècle), on y trouve deux modes de vie : d’une part l’existence rurale (fondée sur le travail agricole, caractérisée par l’attachement à la terre, aux valeurs religieuses, rurales et familiales), accompagnée de l’habitat sédentaire (celui des sédentaires, les paysans), d’autre part le mode de vie des coureurs des bois, des chasseurs professionnels français canadiens du nord des États-Unis et du Canada (les commerçants de fourrures) ; ces derniers seront remplacés par les voyageurs ou les engagés (à partir du milieu du 18e siècle jusqu’au 19e siècle) et, au 20e siècle, par ceux qui aimaient vivre dans les grandes villes : les aventuriers. Les romans urbains prennent des sujets issus des petites villes, mais aussi des grandes villes françaises canadiennes, telles Québec et Montréal (voir Michel Tremblay et ses Chroniques du Plateau Mont-Royal). Les romans de voyage traitent des déplacements des personnages à travers des espaces géographiques immenses. Par exemple, l’auteur mentionne tant « [...] les romans québécois qui ont comme sujet la traversée de l’Amérique, parmi lesquels tout d’abord Volkswagen Blues de Jacques Poulin, inspiré du modèle On The Road de Jack Kerouac, [que] [d]eux autres romans [dont le sujet est aussi le voyage], Une histoire américaine de Jacques Godbout et Copies conformes de Monique Larue [...] [etc.]. » (p. 132).

4Lise Gauvin s’arrête aussi sur la littérature féminine du Québec et elle relève la féminisation du français québécois : « [...] les femmes ont voulu penser d’abord la langue [...] Elles se sont nommées écrivaines, fières de cet e que l’on disait muet [...]. » (p. 159). La littérature écrite par des immigrants (haïtiens, italiens, juifs polonais, asiatiques, etc.) vivant au Québec retient également l’attention de Lise Gauvin.

5Bien que, tout au long de chaque chapitre, son auteur fasse référence à de nombreux écrivains québécois importants (tels le romancier Jacques Ferron, le poète Gaston Miron et d’autres) et aux titres des œuvres composées par eux, l’ouvrage Aventuriers et sédentaires. Parcours du roman québécois ne traite pas uniquement de l’histoire du roman québécois. Selon les propos de Lise Gauvin dans sa conclusion, « cet ouvrage s’est voulu une invitation à lire le roman québécois davantage qu’une histoire de son évolution. » (p. 221) En plus d’une histoire et d’« une invitation à lire », ce livre contient des commentaires critiques à propos de certains éléments que Lise Gauvin considère comme caractéristiques de la littérature francophone québécoise. La présentation est réalisée par l’auteur dans un langage qui est accessible au grand public. Ainsi l’ouvrage de Lise Gauvin est-il destiné aussi bien aux spécialistes en littérature et en linguistique romanes qu’aux amateurs des belles-lettres et même à un plus large public.

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Pour citer

Antonia-Ferihan Ciolac, Aventuriers et sédentaires. Parcours du roman québécois
Le français à l'université , 19-02 | 2014
Mise en ligne le: 06 juin 2014, consulté le: 24 avril 2024

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Auteur

Antonia-Ferihan Ciolac

Institut de Linguistique de l’Académie Roumaine « Iorgu Iordan – Al. Rosetti » (Roumanie)

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