Le français à luniversité

Langues en contact

Roberto Paternostro

Référence de l'oeuvre:

(2013), « Langues en contact », Revue française de linguistique appliquée, vol. XVIII-2, décembre, Éditions De Werelt, Amsterdam, 123 pages.

Texte intégral

1Le dernier numéro de la RFLA est consacré aux contacts de langues, un domaine en pleine expansion. Comme le souligne Yaron Matras en introduction, le monde actuel, profondément marqué par la mobilité sociale, géographique, professionnelle, etc., est essentiellement plurilingue, avec pour effet l’émergence de nouvelles situations de contact et de nouveaux besoins de communication, susceptibles de bouleverser les modèles traditionnels d’analyse. Les langues sont alors appréhendées comme des répertoires dynamiques, que les locuteurs utilisent de façon créative dans leurs interactions de tous les jours.

2Les trois premiers articles abordent une thématique centrale de la linguistique de contact : le code-switching. Silvia Dal Negro tente, à partir d’analyses issues d’un corpus plurilingue collecté dans la région frontalière du Tyrol du Sud, d’identifier les paramètres permettant de classer les interactions selon le degré et le type de bilinguisme affiché. Etienne Morel et Simona Pekarer Doehler se penchent sur les formes et les fonctions du code-switching dans un corpus de SMS suisse romand, ayant comme langue de base le français. L’alternance codique apporte aux messages une touche cosmopolite et permet d’afficher l’appartenance à une communauté translinguistique et branchée. Enfin, Antoinette Camilleri Grima attire l’attention sur la situation de bilinguisme anglais/maltais dans l’un des observatoires les plus intéressants en Europe : l’île de Malte. La langue nationale y est couramment utilisée avec l’anglais. Les axes traditionnels de variation ne peuvent pas toujours rendre compte d’une réalité qui s’avère être bien complexe.

3Jenny Cheshire et al. illustrent les résultats du projet de recherche « Multicultural London English ». Dans les quartiers plurilingues et multiculturels de la capitale britannique, le contact entre l’anglais londonien et les langues de l’immigration semble jouer un rôle crucial dans le changement linguistique en cours.

4Mathieu Avanzi et Sandra Schwab s’interrogent sur les caractéristiques accentuelles du « français fédéral », à savoir le français parlé en Suisse par des locuteurs L2, ayant le suisse-allemand comme L1. Ceux-ci semblent adapter le système phonologique de leurs variétés de suisse-allemand au  français. Dans une perspective similaire, Bordal décrit le système tonal du français centrafricain, influencé notamment par le sango. Les tons typiques des langues africaines sont utilisés au niveau du mot, alors que le système accentuel de base demeure celui du français.

5L’article de Darquennes se penche sur les politiques linguistiques de l’Union européenne pour le maintien des langues indigènes des minorités et l’aménagement des conflits linguistiques. Béatrice Akissi Boutin et Jérémie Kouadio N’Guessan réfléchissent sur les rapports entre la politique linguistique, les langues et la construction de la citoyenneté d’un pays, la Côte d’Ivoire, particulièrement plurilingue et multiculturel.

6Enfin, Mena Lafkiouki part de l’analyse de sites Web plurilingues amazighs à base française pour montrer comment les nouvelles technologies favorisent les processus de construction identitaire des différents locuteurs de l’amazigh au Maroc et en Afrique du Nord.

7De façon générale, ce volume constitue une bonne initiation à la linguistique de contact, avec un panorama, certes non exhaustif, mais complet, de différentes problématiques qui l’animent et des principaux défis qu’elle relève.

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Pour citer

Roberto Paternostro, Langues en contact
Le français à l'université , 19-01 | 2014
Mise en ligne le: 24 février 2014, consulté le: 25 avril 2024

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Auteur

Roberto Paternostro

Università di Brescia (Italie), Université Paris Ouest Nanterre La Défense, UMR 7114 — MoDyCo (France)

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